EN IMAGES - Sa compagne Ramatoulaye Diop, Patrice Leconte, Dany Boon, Karine Viard, Jean-Paul Rouve et des nombreuses personnalités se sont réunis en l'église Saint-Eustache de Paris, jeudi après-midi.
C’est donc ça un acteur populaire. Pas admiré commeAlain Delon, ni adulé commeJean-Paul Belmondo. Mais aimé, profondément aimé. Une foule, anonyme et nombreuse, patiente longtemps devant les portes closes de l’Église Saint-Eustache, jeudi 10 octobre, pour assister aux obsèques deMichel Blanc, disparu brutalement vendredi dernier. Un millier d’admirateurs se presse derrière les barrières, d’abord sous le soleil puis sous la pluie.
En attendant de pouvoir pénétrer dans la nef, ils laissent arriver la famille et des amis. Les membres de la troupe du Splendid, entourés de tous ceux qui ont croisé la route de Michel Blanc, collaborateurs de longue date ou partenaires plus jeunes. On reconnaîtPatrice Leconte,Carole Bouquet, Jean-Michel Ribes, Isabelle Mergault, Dany Boon, Karin Viard, Dominique Besnehard, Catherine Jacob, Richard Gotainer ou William Lebghil.Brigitte Macronet la ministre de la culture Rachida Dati sont aussi présentes. Sur les bancs, en plus du livret de messe, un petit album photo en noir et blanc retrace la carrière de l’acteur, agrémenté de ses répliques cultes («J’ai été attaqué par un renard», « Je sens que je vais conclure», « Si tu pars, je te quitte»…). Sur la couverture, un cliché de Blanc très élégant, en costume cravate, moustache fine et chapeau de feutre. Très loin du Jean-Claude Dusse des Bronzés.
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Drôle de paroissien
Ce sont les obsèques du clown angoissé et hypocondriaque préféré des Français. Ce sont aussi celles d'un Michel Blanc croyant, mystique, mélomane. Son cercueil entre sur la Marche pour la cérémonie des Turcs, composé par Lully pour Le Bourgeois Gentilhomme. Bach, Puccini, Chopin, Fauré, Franck, Mozart, Rameau rythment la cérémonie. Grand orgue, violoncelle et voix rappellent que la musique classique est la première passion de l'acteur.
Le père Yves Trocheris, curé de Saint-Eustache, évoque lui ce drôle de paroissien. Ou ce paroissien drôle. «Michel Blanc aimait l'Église Saint-Eustache. Il y venait souvent très discrètement. Il était soucieux de cet édifice, riche de 800 ans d'histoire. Un lieu d'accueil chaleureux et enthousiaste pour les artistes.» Les obsèques deJean-Philippe Rameau, que Blanc aimait tant, ont eu lieu dans cette même église. Un peu plus tard, dans une homélie très inspirée, le père Jérôme Prigent raconte avoir revu récemment, avant la mort de l'acteur, Les Témoins, le très beau film d'André Téchiné dans lequel Blanc interprète un médecin homosexuel dans les années sida.
Il a rappelé l'engagement de Saint-Eustache pour l'accueil des malades au plus fort de l'épidémie. Il a aussi évoqué l'adresse de la permanence téléphonique du Père Noël est une ordure. Rue des Lombards dans la pièce de théâtre, rue Montmartre dans le film. Deux rues voisines de l'Église. Il n'ose pas en revanche répéter la réplique ordurière de Blanc à l'encontre de Thérèse. «Le rire est salvateur», enchaîne le père Prigent. Il conclut par: «Vas-y, fonce, ton Seigneur t'attend et t'ouvre les bras!» Sur un malentendu, ça peut marcher...
Veste tyrolienne
En ce jour de tristesse, les hommes d'Église ont plus le cœur à parler que les hommes ou les femmes de spectacle.Josiane Balasko, le cœur en miettes, la voix blanche, dit tout de même quelques mots: «Tu as dû partir dans un paradis urbain, tu détestes la campagne… Toi qui as failli devenir pianiste et qui es devenu acteur pour notre plus grand plaisir, tu joueras Chopin et les autres.» Jean-Paul Rouve, qui la précède, est plus disert mais non moins ému. «À cause de toi, on se retrouve comme des cons avec des lunettes noires et des mouchoirs (…). Tu serais là, tu en aurais déjà marre. (…) Tu t'es barré Michel, mais pas au bistrot. On sait pas où?» Rouve, qui a dirigé Blanc dans Les Souvenirs, réussit tout de même à dérider l'assemblée à travers une anecdote: « Michel venait de s'acheter une veste tyrolienne (…). J'imagine le vendeur qui le regarde partir. Il attend qu'il tourne au coin de la rue et laisse éclater sa joie en appelant sa femme au téléphone: Chérie, j'ai vendu la veste! La seule bonne nouvelle de ce qui arrive aujourd'hui, c'est que tu ne la porteras jamais. Je me raccroche à ça. Pourquoi t'es mort Michel?»
Il n'y aura pas d'autres prises de parole des proches. Mais des anonymes rendent hommage à Jean-Claude Dusse. Un homme s' empare du micro pour faire chanter l'assemblée: «Quand te reverrai-je? Pays merveilleux? Où ceux qui s'aiment vivent à deux?» Il y parvient un instant et le grand orgue accompagne ce chœur improvisé. Un happening joyeux plus qu'un incident protocolaire. Un autre admirateur de Dusse remonte lui la nef de Saint-Eustache en tenue de sport d'hiver. Moonboots, parka, masque et paire de ski sur l'épaule, il salue une dernière fois le Bronzé. Dusse avec un D comme Dusse.